Illustrer pour témoigner

Très tôt, Eugène Burnand développe un goût prononcé pour le dessin. Avant de se consacrer à l’art et sur conseils de son père, il se lance dans des études d’architecture à l’Ecole Polytechnique de Zurich, où il va apprendre la précision du dessin, caractéristique de son œuvre.

En 1876, à Paris, capitale de l’édition illustrée helvétique, il débute dans l’illustration. Ce genre lui permet d’assurer des rentrées financières et d’entretenir sa jeune famille. Il est engagé par L’Illustration, célèbre hebdomadaire parisien et devient un dessinateur courtisé. Il entreprend alors un livre de luxe enrichi de gravures originales à l’eau forte : Mireille (1884). Le célèbre poème provençal de l’écrivain français Frédéric Mistral (1830-1914) est un succès. Un an plus tard, sur commande, il illustre Les Légendes des Alpes vaudoises écrites par Alfred Cérésole (1842-1915), pasteur protestant et écrivain vaudois. Ses dessins, gravés sur bois par Théodore Girardet — son beau-frère —, abordent le registre de l’imaginaire, encore inédit dans l’œuvre de l’artiste et témoignent de l’influence de Gustave Doré (1832-1883). Pour Les Légendes des Alpes vaudoises, édité à Lausanne, Burnand parcourt les montagnes à la recherche des sites évoqués par l’auteur et va à la rencontre des gens du pays. Comme Mireille, l’œuvre veut donner à voir une identité culturelle et régionale : une nature à la fois paysagère et humaine

Illustration 1 : « La Vengeance Du Servant » des Légendes des alpes vaudoises

Illustration 2 : « La lutte » pour le Chant V de Mireille.